Comme je l'avais indiqué il y a quelques mois (et totalement omis d'en reparler ici depuis), il y a quelque temps avait lieu ma première exposition de gravures. C'était au Bistrot des Artistes, petit bar parisien que le patron a à cœur de faire vivre aussi comme un lieu lié à la création artistique, en hébergeant des séances de dessin (d'où viennent la plupart de ces esquisses) et en prêtant ses murs à la semaine aux artistes amateurs qui le veulent.
Une semaine, c'est court. Ajouté au côté peu sélectif de l'endroit, ça m'avait amené, bêtement et comme le gros snob paradoxalement jamais sûr de lui que je suis, à minimiser l'événement et à en faire une pub plutôt modeste. Heureusement, la date s'approchant je me suis bien pris au jeu de l'organisation, quand il a fallu tour à tour créer une affiche, faire une sélection finale de gravures à exposer (quitte à refaire de beaux tirages pour l'occasion), les encadrer correctement, donner des prix à tout ça, imprimer de jolies étiquettes, réfléchir à l'arrangement, etc.
La phase d'encadrement a de loin été la plus prenante, avec son propre lot de décisions. Dans beaucoup d'expos, les cadres montrent une belle unité minimaliste entre toutes les œuvres, pour mieux s'effacer. J'ai hésité à faire ça aussi. Mais en même temps, ça faisait des années que j'entassais des cadres de seconde main récupérés à droite à gauche, alors j'ai décidé d'embrasser ce foutoir dépareillé en cherchant plutôt de belles combinaisons gravure/cadre. Et puis, cette diversité s'accordait bien avec mon papillonnage constant entre les techniques. Pour le reste, j'ai voulu faire dans les règles de l'art, en m'équipant pour découper moi-même les passe-partouts. Tout ça était long mais très satisfaisant.
J'avais en tout dix-huit pièces. L'accrochage s'est déroulé sans encombre, en groupant les gravures par sujets proches, de manière assez classique. Le tout était réparti sur un long mur dans l'espace principal du bar et une pièce plus calme au fond. Ça respirait sans être trop espacé, l'éclairage était très bien, globalement ça avait fière allure.
Ça faisait du bien de regarder tout ça avec un peu plus de recul que d'habitude. Certaines gravures, comme le Grand-duc par exemple, prennent vraiment une toute autre ampleur encadrées dans de bonnes conditions. D'autres semblent se répondre et à force, de ce tout hétéroclite, ressort tant bien que mal sinon une cohérence, du moins une certaine intention. Je me suis rendu compte que tout ce travail n'était peut-être pas si modeste que ça, finalement.
La soirée qui tenait lieu de vernissage était une de mes plus belles depuis longtemps. Le fait d'être au centre de l'attention n'y était sans doute pas étranger. Et j'avais l'occasion parfaite pour me livrer à mon exercice favori : expliquer des trucs. Mais surtout, c'était l'occasion de voir plein de gens ! L'ambiance était formidable, encore merci du fond du cœur aux personnes qui sont passées.
Au delà de mes proches, je ne sais pas dans quelle mesure ça a pu toucher d'autres personnes. D'après le patron du bar, la semaine a été calme. De toute façon, on ne passe pas pour les expos, on vient boire des coups et on est parfois content quand il y a de belles choses aux murs. C'était quand même chouette de savoir que des gens avaient discuté devant certaines gravures et avaient demandé des renseignements sur moi (non je n'ai pas de site de vente, non je n'ai pas d'Instagram…).
Tout était à vendre, j'en ai vendu trois. Deux pendant la semaine et, ces derniers jours, un autre tirage de l'une d'entre elles. Je crois que c'est bien, en fait je n'ai pas vraiment d'avis sur la question, tant j'étais intéressé par l'expérience de simplement *montrer*. Ce que je referais avec joie dans le futur, ailleurs et plus longtemps si possible. En attendant, peut-être que je vais quand même essayer de finir mon projet de site de vente et enfin me mettre à numéroter correctement mes tirages. Par contre, toujours pas d'Instagram hein, faut pas pousser.