Retour au stage d'eau-forte

Photo de la majorité des tirages réalisés pendant le stage.

Il y a trois ans, j'avais participé à un stage d'eau-forte, une semaine dans un village de l'Aveyron à découvrir des techniques et à tester des trucs. L'expérience avait été magique à tous les points de vue et a fini de me convaincre que la taille-douce était pour moi. Depuis, je la pratique plus régulièrement à Paris, mais les deux dernières années m'ont un peu frustré avec leurs confinements et l'atelier fermé une bonne partie du temps (je n'ai toujours pas de presse chez moi…). Alors je suis retourné faire un stage au même endroit cet été (si le stage vous intéresse, voici le site, et n'hésitez pas à me demander directement des détails).

C'était toujours aussi génial. Peut-être plus encore que la première fois avec l'expérience acquise depuis. J'ai largement compensé ma frustration en adoptant un rythme assez soutenu, que ma prof parisienne trouverait certainement précipité. Mais c'était un vrai plaisir d'enchaîner les plaques, et de rester quelques fois tard le soir pour gratouiller le zinc en sirotant une bière et en écoutant de la musique.

J'ai fait six gravures en tout. Il y a toujours une part d'imprévu dans la taille-douce et l'eau-forte en particulier, surtout quand on change d'atelier et que la combinaison métal/vernis/mordant/résine/encre/papier/presse n'est pas celle à laquelle on est habitué. Alors je n'ai pas toujours obtenu exactement le résultat que je voulais. Mais j'en retravaillerai sans doute certaines avant de les ré-imprimer plus proprement dans l'année.

Petit tour des gravures réalisées.

Ivy. Aquatinte, 10x20 cm.

Une Ivy vaguement Art nouveau, pour renouer avec ces vieilles lubies que je n'ai jamais trop explorées en taille-douce. Je suis plutôt content de la compo et de cette grosse bande noire, dommage que j'aie utilisé une pointe un peu trop fine pour tracer les traits dans le vernis, ça méritait quelque chose d'un peu plus franc.

Sinon, on voit dans le noir un problème qui reviendra plus tard sur une autre plaque : la résine d'aquatinte n'a pas tenu partout en poussant les gris vers le foncé, du coup ça fait cette zone irrégulière qui a moins retenu l'encre.


Buses et poteaux. Aquatinte, 25x10 cm.

Hommage aux buses qu'on voit sur les bords d'autoroute. Ici, un autre problème d'aquatinte : j'ai voulu traiter le premier plan et le ciel en lavis, en "peignant" directement sur la plaque avec un pinceau trempé dans le mordant pour obtenir un effet nuageux. C'est ce que j'avais fait pour le ciel de cette gravure, et ça avait très bien marché. Sur du cuivre, avec un mordant bien dosé, il faut quelques secondes à peine pour obtenir ce gris, le risque est plutôt de trop le laisser agir et d'avoir un résultat trop sombre. Mais pour ces buses, avec un mordant adouci et la plaque de zinc, je n'ai jamais réussi à obtenir ce que je voulais. Le mordant cessait d'agir très vite. J'y suis revenu plein de fois mais ça finissait par rendre quelque chose d'assez brouillon. J'essaierai de renforcer ça chez moi et je reviendrai sans doute aussi à ce sujet plus tard, car il m'est cher.

Fauconnière. Aquatinte, 30x20 cm.

Une grande plaque réalisée en parallèle des buses, en essayant d'être plus spontané. Les gros traits noirs dans les fringues et les ailes ont été tracés directement dans le vernis encore mou avec un bout de bois, complètement l'inverse d'un trait fin et régulier. Ça a permis de structurer le reste avant les traits précis et l'aquatinte. Là aussi j'ai tenté le lavis pour le fond, mais même problème. Ça devrait être moins brouillon pour les nuages et plus précis pour le paysage. Mais c'est pas grave, je peux très bien la retravailler, et ça me permettra de corriger le regard et d'enlever le rouge à lèvres style Joker qui déborde sur la joue de ma fauconnière :).

Aigrette. Aquatinte, 10x22 cm.

La plaque sur laquelle j'ai passé le plus de temps du stage. Partie d'un croquis jeté rapidement dans un carnet après une rando, où j'avais surpris un Héron cendré perché sur la racine d'un saule au bord d'un étang parfaitement calme. Le reflet du tout était magnifique. Le héron s'est finalement transformé en aigrette pour le contraste.

Je suis très content de la composition de cette plaque et de son rendu général. Malheureusement j'ai un peu trop poussé les gris sombres, au point que le bec et les pattes noirs ne ressortent pas du tout. Je "tricherai" sans doute en y ajoutant un liseré blanc au brunissoir. Autre problème, cette zone grisâtre à gauche du reflet de l'oiseau. C'est le même souci que pour la première plaque : la résine trop fine a sauté pendant la morsure, du coup on a une "crevée". Ce sera plus difficile à rattraper, le risque est de recréer une texture qui sera très différente du noir d'à côté. On verra si je me lance…

Crâne de Buse. Burin, 10x20 cm.

Un tout petit burin fait en nocturne à l'atelier. Le stage était plutôt consacré à la gravure indirecte, mais l'occasion était trop belle de pratiquer un peu le burin, vu que j'ai de grandes ambitions avec :). Conclusion : j'ai encore besoin d'entraînement et surtout de savoir mieux aiguiser mes lames, parce que ces gros traits au milieu ça ne va pas du tout.

Grotte du naufrage. Aquatinte, 20x15 cm.

Enfin, une aquatinte réalisée en "speed-etching", dans la matinée de la dernière journée, après avoir hésité à juste consacrer celle-ci à faire des tirages. Elle est pas vraiment finie et très confuse (notamment parce que j'ai trop laissé mordre le ciel et parce que le premier gris est indissociable du blanc) mais je ne m'en fais pas, je sais où je veux aller et celle-là c'est sûr que je la retoucherai parce qu'elle a encore du potentiel :) En tout cas c'était chouette de la faire en temps très limité.

Voilà ! Prochain épisode, retour à mon atelier parisien hebdomadaire à la fin du mois de septembre ! Et je croise les doigts très fort pour que l'année soit complète cette fois-ci.