Pour la soeur et la belle-soeur

Hier soir dans le métro, j'étais assis en face d'une jeune femme métisse très jolie. Habillée classe et très posée dans ses mouvements. Au bout d'un moment, elle a sorti un bouquin assez épais et apparemment tout neuf de son sac. J'aime bien regarder ce que les gens lisent dans le métro, alors j'ai cherché à voir le titre. C'était les Frères Karamazov. Je l'ai un peu enviée de découvrir ce livre pour la première fois. Mais j'étais content pour elle. Je lui ai souri quand elle a levé les yeux, et puis elle a commencé sa lecture.

Elle a d'abord parcouru avec attention la liste des protagonistes, qu'apparemment le Livre de Poche rajoute aux livres russes pour faciliter la lecture (vue la complexité des noms russes, c'est pas une mauvaise idée). Puis, sautant la préface de l'auteur, elle s'est plongée dans le premier chapitre, l'histoire de Fiodor Pavlovitch. Et là, au bout de quinze secondes, elle a commencé à rire.

Elle riait toute seule, plusieurs fois par page, un rire sincère et qu'elle étouffait un peu mais pas trop. De temps en temps elle faisait une pause pour relever la tête, comme s'il fallait qu'elle s'arrête pour profiter pleinement du passage qu'elle venait de lire. Quand elle croisait mon regard à nouveau, je continuais à lui sourire. Et elle reprenait sa lecture, et pouffait encore. Je ne sais pas pourquoi, je ne m'en lassais pas de l'entendre rire ainsi, ça me faisait un bien fou. Ça a été une véritable torture de descendre du métro quelques stations plus loin.

Assise à côté d'elle, une autre femme lisait un roman Harlequin apparemment gratiné, et avait l'air de se faire grave chier.