Budapest

B.O.


Franz Liszt - Rhapsodie Hongroise No.6
Pas très loin à chercher cette fois-ci…

Mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ? Voilà donc enfin mon (très gros) billet sur Budapest.

Commençons par le début. Arrivée en train depuis la petite Bratislava. Dès la gare, du genre Gare de l’Est, on sent que c’est un autre gabarit, un autre type de ville. On se retrouve sur une large et longue artère, l’atmosphère a cet odeur caractéristique des capitales en plein été, mélange surchauffé de plein de trucs dont on préfère ne rien savoir. En remontant la longue avenue vers le Danube pour me rendre à l’auberge, le premier truc qui m’a frappé c’est l’état de décrépitude voire de ruine de beaucoup de bâtiments. Le phénomène s’atténue un peu à mesure qu’on se rapproche du centre, pour laisser place à des immeubles impeccables et des palaces rutilants… tant qu’on reste sur les grosses artères. C’est assez frappant. Sinon, j’avais plutôt bien choisi l’auberge. En plein centre, à deux pas des rives du fleuve et de l’énorme Basilique Saint Etienne. D’ailleurs, assez crevé, je suis simplement resté dans le secteur pour ma première promenade le soir-même. Je suis rentré tôt pour trinquer à la Palinka un peu costaude distillée par la grand-mère de la fille qui tenait l’auberge.

Ma première grosse balade le lendemain m’a permis d’appréhender un peu mieux le feeling de la ville. Et de confirmer les premières impressions : pour résumer et faire plaisir à Mitt, “Budapest, terre de contrastes” ;). À commencer par les différences très marquées entre les deux parties de la ville. Sur Buda, la rive ouest, se dresse une colline avec son château et son quartier qui a gardé une ambiance baroque. À l’est, Pest, toute plate, est le véritable centre moderne, avec son quadrillage de boulevards inspirées de l’urbanisme haussmannien. Finalement, en plus de nombreux autres points communs purement subjectifs, la géographie de la ville est assez semblable à celle de Prague. La différence d’échelle en plus.

Ceci dit, il y a quelque chose de nettement plus “rude” à Budapest que dans la capitale tchèque… Les gens, déjà :P J’en ai rencontré des sympas, bien sûr. Mais de nombreux cerbères, dans des boutiques, des musées, ou tout simplement dans la rue, m’ont laissé une impression générale assez peu amène. Résultat, plus que jamais, mes pas ont été guidés par la nécessité de fuir mes semblables. Mais ça n’empêche pas de découvrir la ville, loin de là heureusement. C’est une ville assez fascinante, très complexe, avec énormément de choses magnifiques à voir.

Quelques-unes en vrac : le plus grand parlement d’Europe, un peu comme l’anglais mais avec une coupole genre cathédrale de Florence, y’a vraiment des architectes qui se lachent ; une autre gare signée Gustave Eiffel, où le Mc Do installé dedans donne l’impression anachronique de manger un hamburger à la Belle Epoque ; des restes plus ou moins bien digérés de la période soviétique ; une magnifique synagogue d’un jaune safran superbe sur le ciel bleu ; le plus vieux métro d’Europe, qu’on croirait presque laissé en l’état, tout brinquebalant ; l’équivalent local des Champs-Elysées, une avenue carrément démesurée (c’est un adjectif assez commun à Budapest) ; un improbable château de conte de fée, qui mêle allègrement 5 ou 6 styles architecturaux ; les habituels bâtiments Art Nouveau planqués un peu partout et devant lesquels j’ai copieusement bavé… et j’en passe. Et tout ça, c’est seulement pour la partie Pest.

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J’avais gardé Buda pour un soir, pour le plaisir de me balader dans les ruelles au crépuscule. J’ai pas été déçu, ça vaut vraiment le coup. L’ambiance près du château était spéciale ce soir-là, d’une mélancolie un peu trop poignante. Je sais pas combien de temps je suis resté là-haut, assis sur une rambarde à regarder les ponts et les monuments de Pest s’illuminer, avec derrière un clarinettiste qui jouait des morceaux romantiques à la lueur d’un lampadaire blafard (oui, c’est cliché).

Non, je sais pas combien de temps, mais je n’aurais pas dû. Ça m’aurait évité de me taper l’une des plus grosses déprimes de ma vie… Pas juste le petit coup de blues. Non, le truc soudain et violent, complètement paralysant. D’un seul coup, le fait même d’être parti tout seul en vacances m’apparaissait comme la pire connerie de ma vie, et comme un symptôme d’échec, la conséquence d’une suite de mauvaises décisions récentes que je regrette. Sur le moment, ça a réduit à néant tous les bons moments que j’avais passés la semaine d’avant. Bien sûr, à Prague et Bratislava il y a eu des moments que j’aurais aimé partager avec des amis, mais j’avais aussi beaucoup profité du fait d’être tout seul, de n’avoir de comptes à rendre à personne. Ce soir-là à Buda, je ne savais simplement pas ce que je faisais là, à regarder tout seul comme un con la nuit tomber sur une ville remplie d’étrangers (question de point de vue). Je crevais d’envie de partager cela avec une personne chère, d’exprimer des trucs qui étaient remontés à force de trop cogiter, mais je ne pouvais pas. J’étais fatigué des “What’s your name ? Where are you from ?” superficiels qu’on passe son temps à répéter dans les auberges de jeunesse, je n’avais aucune envie de revoir la bande d’Américains en rut qui partageaient ma chambre, et encore moins d’aller me poser en anonyme dans un bar animé. C’était juste horrible, et malheureusement c’est mon souvenir le plus poignant de Budapest… J’ai erré quelques heures de plus jusqu’à être suffisamment claqué pour aller me coucher, en espérant que ce soit passé le lendemain. Mais non, c’était encore là… En fait, ça a gâché mes deux derniers jours là-bas, car à partir de ce moment je n’ai pas cessé d’attendre de partir de cette ville superbe que j’avais prise en grippe sans raison.

Deux moments ont quand même été cool sur ces deux jours. D’abord, la balade dans le cimetière (oui oui). Le cimetière de Budapest est carrément surréaliste. Énorme, mais… presque complètement vide. Dans certains secteurs, deux ou trois tombes oubliées se partagent une parcelle où 2000 tombes du Père Lachaise tiendraient facilement. C’est simple, dans ces vacances urbaines, c’est ce qui s’est rapproché le plus d’une ballade à la campagne ! En tout cas, j’en ai profité pour prendre plein de photos d’anges éplorés qui disparaissent sous le lierre. Rien de mieux pour combattre la déprime ! Enfin si, y’a les termes. Ca marche encore mieux. Deux heures à clapoter dans de l’eau qui vient directement des sources chaudes de la ville, sous le soleil, entouré par un bâtiment Art Nouveau décoré de mosaïques. J’ai pas fait la totale sauna/massage/etc. mais c’était déjà difficile de faire plus relaxant. En tout cas, j’étais content d’avoir gardé ça pour la fin du séjour… Mais encore plus content quand je suis monté dans le train pour Vienne :/

Bonus rigolo : Photo de la sonnette du “Central Backpack”, l’auberge de jeunesse “familiale” toute sympa où j’étais. La sonnette faisait un son pathétique de buzzer en fin de vie, mais j’ai surtout eu un peu peur en voyant le nom des voisins…

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